C'est en 2000 qu'est né « Si j'étais la maîtresse ». J'étais alors économiste dans un établissement financier et à mille lieues d'imaginer que j'allais créer une entreprise de jeux pour enfants.

Ma fille Juliette, qui avait 7 ans, adorait jouer à la maîtresse

Un soir où j'appelais à table pour la 4ème fois, donc légèrement énervée, Juliette se mit à pleurer : elle venait de passer des heures à préparer laborieusement des copies de dictées pour chacun de ses nounours et n'avait même pas le temps de faire la classe à ses élèves.

J'étais touchée parce que petite, j'avais moi-même beaucoup joué avec une école miniature. Je lui promis de lui trouver un jeu pour jouer à la maîtresse.

Mais après recherche intense dans les boutiques de jouets, je me suis rendu compte qu'il n'y avait rien d'emballant. En une génération, de ma fille à moi, la mondialisation du secteur du jouet était passée par là ; l'offre se limitait à quelques tableaux noirs, une classe Playmobil et une Barbie maîtresse d'école. Beaucoup de plastique et de made in China, des objets fabriqués pour l'international, sans se rattacher à nos références culturelles, ou bien des accessoires rétro comme des plumiers en bois, qui n'évoquaient pas la vie de classe de ma fille.

Pour lui faire plaisir, je me résolus à lui créer quelques accessoires imprimés sur mon ordinateur sans penser un instant à diffuser quoi que ce soit hors du cercle familial : des dictées avec des fautes à corriger d'abord, puis progressivement et à sa demande, des contrôles de maths, un livre d'appel... Je me pris au jeu et ajoutai d'autorité des petits livres et contrôles d'histoire avec l'espoir secret qu'elle fasse le lien entre la préhistoire et le 11 novembre 1918, seuls points d'histoire abordés en classe.

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Imiter leur maîtresse, les enfants adorent vraiment  !

Juliette ayant apporté son jeu à l'école, très vite, ses copines sont venues me voir à la sortie pour me demander si elles pourraient avoir un kit d'accessoires pour jouer elles aussi à la maison. Chacune voulait disposer de son petit matériel pour jouer le rôle de la maîtresse et me passait des commandes, l'une de livres de maths, l'autre de contrôles de géographie….Peu à peu je vis arriver d'autres enfants, qui me suppliaient à leur tour de leur imprimer des petits accessoires pour jouer à la maîtresse.

Au bout du compte, en deux ou trois mois, j'avais créé et peaufiné une multitude d'accessoires miniatures en restant très proche de l'univers scolaire mais en condensé et en amusant : des cahiers, des leçons dans toutes les matières, en y glissant quelques connaissances, les grandes périodes de l'histoire de France aux tables de multiplication en passant par des cartes de géographie et aussi des dictées variées, des copies de contrôles, avec des réponses alliant sérieux et humour.

Pour que l'univers soit complet, se sont ajoutés un emploi du temps pour organiser sa semaine de jeu, un menu de cantine, des bons points et images et même la photo de classe...

C'est ainsi qu'est né un jeu complet "si j'étais la maîtresse. Je pris RV au grand magasin « Le Bon Marché », où l'acheteuse m'encouragea à éditer moi-même le jeu, puis à la Fnac, qui me proposa, si je l'éditais, de le mettre à son catalogue de Noël.

De "Si j'étais la maîtresse" à la société AMULETTE...

Ni mes études à Sciences Po, ni ma profession d'économiste ne me préparaient à créer une entreprise de jeux et jouets. C'est aidée et soutenue par mes amis et ma famille que j'ai finalement créé la société d'édition Amulette.

Et c'est dans l'angoisse que pour la fin d'année je lançai ma première fabrication : 5000 exemplaires du jeu Si j'étais la maîtresse, imprimés et assemblés à la main à Paris. Mon mari nous imaginait offrant le stock de jeux à tout notre entourage jusqu'à nos 90 ans. Ils furent vendus en 6 semaines.

Depuis, le jeu plusieurs fois remis au goût du jour a été vendu à près de 300 000 exemplaires ! Et dans son sillage, Amulette a développé une gamme de jeux d'imagination en conservant intacte l'idée d'origine : un côté « fait maison » avec le souci des détails, une volonté de s'appuyer sur les jeux spontanés de enfants, des thèmes d'imitation, qui appellent à imaginer des histoires, à se projeter dans un métier, à interagir avec tout son monde quotidien. Ont ainsi vu le jour « Si j'étais le chef », « Si j'étais le vétérinaire » ou « Mon premier sac ». Séduits par le réalisme et la richesse du concept, les enfants peuvent « comme les grands » s'amuser en toute autonomie, signer avec solennité une ordonnance pour nounours, servir à leurs poupées un plat du jour, ou jouer les mamans débordées.

Un concept intemporel qui permet à Amulette de traverser les années : les jeux Amulette ont compté dans l'enfance de ses premiers clients… qui les offrent autour d'eux aujourd'hui, et déjà à leurs propres enfants. C'est pour nous la plus belle des reconnaissances !